Colloque national le 03 et 04 mai 2023
« Histoires et Mémoires des révoltes et des révolutions au prisme du XXème et XXIème siècle : aspects et enjeux littéraires, linguistiques et pédagogiques »
Argumentaire
« La mémoire n’est pas seulement connaissance ou souvenir subjectif de ce qui a eu lieu, surgissement du passé dans le présent, elle se développe comme porteuse d’affirmation identitaire et de revendication de reconnaissance. » (Benjamin Stora 2021)[1]
Comme tout ce qui est téméraire et héroique, les révoltes des peuples et leurs révolutions sous toutes leurs formes, seront des sujets dont l’humanité s’entretiendra. Ces manifestations font vibrer nos souvenirs et s’alimentent de ressources telles que notre Histoire et notre Mémoire. Celle-ci étant par définition connaissance par traces et survivances en matière d’écrits ou de cultures matérielles, elle a la fonction d’enregistrer et de transmettre un vécu.
Que nous ayons été acteurs ou témoins, figurants ou lecteurs sur la scène des révolutions, que nous ayons dit ou renoncé à dire,confirmé ou regretté nos positions et nos choix dans la prose, la poésie ou l’art, nous pouvons jeter quelques lumières sur la mentalité, l’expression, les langues, les comportements, les mœurs et les croyances de notre société. Ainsi, l’exhumation de ces mémoires permet de reconstituer le passé en « tremblant » les fondations du monde dans l’intention d’éveiller les consciences et de construire les meilleurs des avenirs, comme le précise Anne de Mathan (2019. P.9) « l’Histoire et la Mémoire entretiennent un certain commerce, ne serait ce parce qu’elles visent un même objet, à savoir ce qui est révolu » [2]. C’est pourquoi, de ces moments qui façonnent le monde, nous avons souhaité nous attarder sur l’étude de quelques uns, en particulier des moments charnières qui ont été le tournant entre un avant et un après marquant des instants de rebéllion contre l’ordre établi, et qui ont bouleversé le cours de l’Histoire à grande ou à petite échelle : les révoltes et les révolutions individuelles ou collectives.
En ce sens, l’Histoire n’a pas cessé de rapporter la marche des peuples vers leurs idéaux en quête de conditions de vies meilleures, de justice, d’égalité sociale,… . Pacifiques ou violentes, ces révoltes et révolutions qui ont scoué le monde sont l’écho de peuples en souffrance. Ces dernières décennies ont vu leurs manifestations se décupler tant les inégalités se creusent. Les noms qui les qualifient montrent intensément le mal-être et l’espoir qui les animent : la Révolution du jasmin en Tunisie, les révolutions dans les autres pays du monde arabe (la Syrie et l’Egypte), celles vécues en Algérie depuis les années 80 (printemps berbère), confrontation des idées au sein de la population algérienne (1989), décennie noire (à partir de 1990), le combat pour Tamazight bonifié par sa reconnaissace comme langue nationale (2002) et le Hirak du 22 février 2019, sont autant d’actions vertueuses et pacifiques de la société algérienne pour s’affirmer.
Dans ce cas et pour aller vers une Algérie « nouvelle » et apaisée, un retour sur image est nécessaire pour mieux regarder ses différents combats, peut-être mal saisis à temps ou en première approche, c’est une manière d’amener un regard différent, nouveau, plus nuancé sur toutes les autres périodes vécues. Recouvrir le passé et interroger les mémoires nous permettra de nous préoccuper de la façon dont la société algérienne gère son rapport avec l’Histoire et dans notre situation de voir comment la production imaginaire exprime son évotution et apporte des éléments pour la compréhension du peuple et de sa réalité tel que stipulé par Marc Bloch (2008, p 13) : « Il est nécessaire de connaitre le passé pour comprendre le présent, mais la connaissance de l’actualité permet aussi de mieux comprendre le passé »[3].
Ainsi les romans, les documents historiques (les archives), le cinéma et autres productions littéraires et artistiques sont des formes privilégiées qui se révèlent un terrain de prédilection pour affirmer nos différences et notre identité. Leur intention didactique est évidente : c’est la prise de conscience de l’existence d’une personnalité algérienne ayant sa culture et ses assises. Dans cet ordre d’idées,nous apportons d’autres justifications quant au rôle des productions fictionnelles dans l’éclairage de l’Histoire et des mémoires des collectivités comme le souligne Christiane Chaulet Achour (2003) :
Dans cette période où l’Histoire est souvent falsifiée ou aveugle parce que trop proche encore et pas assez distanciée, les romancières et les romanciers tentent toutes et tous, aussi diversifiés que sont leurs choix, de nourrir leur interrogation sur l’Histoire et la mémoire, sur les écueils de la société actuelle, sur les espoirs d’une construction plurielle et ouverte. En cela , le roman algérien brasse, comme tous les romans à travers le monde, les questions en supens que les êtres humains se posent sur leur devenir. Ne répondant pas par un discours de certitudes mais par une écriture de symboles et d’images fortes, il convie à la recherche et à l’acceptation de l’hétérogène .[4]
La journée d’étude que nous organisons est l’occasion d’exposer nos productions intellectuelles de ce que la mémoire a perçu, de ce qui reste dans la subjectivité individuelle ou collective. Nous avons fait le choix dans l’intitulé de notre thématique de mettre les termes ’’ Histoire’’ et ‘’Mémoire’’ au pluriel pour montrer la multiplicité des discours qui les construisent. Si l’HISTOIRE, comme le souligne Pierre Barbéris (1980)[5], relève du cours des évènements, du fait historique, l’Histoire quant à elle renvoie à la pratique de la discipline historique et aux prises des positions par rapport aux idéologies. A nous de réaliser des ‘’gestes ‘’ pour projeter l’image de notre univers et d’y poser un regard critique. Ce regard peut s’attarder sur l’activité de l’enseignement/apprentissage en langue française et sur le regrd que porte le manuel scolaire pour inscrire l’enseignement dans une pédagogie du particulier, celle-là même qui inscrit l’Histoire dans l’histoire, dans la diégèse. Aussi, il serait intéressant de voir comment la langue peut inscrire une vision de l’Histoire au travers des discours épilinguistiques, lesqels discours rendent compte d’une vision subjective de l’Histoire.
Il est à noter que le dialogue ouvert sur l’Histoire/histoire peut intéresser aussi bien le professeur dans son activité d’enseignement/ apprentissage de la langue et de la culture, aussi bien le linguiste, le sociologue, le littéraire, l’anthropologue, … L’Histoire ne peut être l’apanage du seul histoirien dont les faits historiques sont la source de son discours. Le littéraire peut s’échapper dans l’histoire tant l’Histoire devient indiscible.
Ainsi les axes de recherche proposés dans la perspective de ce colloque, pouvant être élargis éventuellement, pourront interpeller plusieurs chercheurs issus de formations académiques différentes. Une confrontations des savoirs des discours sur l’Histoire/histoire est attendu dans le dessein de voir comment se renouvelle le discours sur l’Histoirs, à travers les époques, les approches, les formations, les idéologies, …
- Axe 1: L’enseignement de l’Histoire et des Mémoires des révoltes et des révolutions.
- Axe 2: Discours de/sur l’Histoire et des Mémoires des révoltes et des révolutions.
- Axe 3: Les écritures fictionnelles de l’Histoire et des Mémoires des révoltes et des révolutions.
- Axe 4: Histoire(s) et Mémoire(s) des révoltes et révolutions féminines/au féminin.
- Axe 5: Histoire(s) et mémoire(s) greniers et murs porteurs de la culture.
- Axe 6 : Le discours pédagogique sur l’Histoire.
- Axe 6 : L’analyse du discours en tant qu’approche critique de l’Histoire et de la mémoire.
- Axe 7 : Le renouvellement des approches critiques sur l’Histoire, approches intégrant la sémiotique, l’énonciation, la pragmatique, …
Les dates du colloque : 03 et 04 mai 2023 Les propositions de communication, qui prendront la forme d’un résumé de 15 à 20 lignes assorti d’un titre, sont attendues pour le 15 février 2023 au plus tard. Elles sont à adresser à l’adresse : colloque.histoire@ummto.dz , le secrétaria du colloque. Le retour d’expertises se fera au plus tard le 15 mars 2023. Les articles sont à envoyer au plus tard le 20 avril 2023. Langues du colloque : Le français, l’anglais, l’arabe et Tamazight.
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Présidente du colloque
Pr ACHI Nacéra, Directrice du laboratoire LRIC, UMMTO
Président du comité scientifique
Pr Boukhelou Fatima et Pr BETOUCHE Aini, UMMTO
Présidente du Comité d’organisation
Pr BETOUCHE Aini, UMMTO
Comité Scientifique
Pr Achi Nacéra, UMMTO Pr ABADI Dalila, Univ. Ouargla. Pr AIT CHALAL Salah, UMMTO, Pr Bellala Amina, UMMTO Pr BETOUCHE Aini, UMMTO Pr BOUKHELOU Fatima, UMMTO Pr DAHOU Fodil, Univ. Ouargla. Pr Daoudi Samia, UMMTO Pr KHENNOUR Salah, Univ. Ouargla. Pr MESGHOUNI Dalal, Univ. El Oued Pr MOUALEK Kaci, UMMTO Pr Sabri Malika, UMMTO | Pr Yassine Soryana, UMMTO Pr Yehyaoui Raouia, UMMTO Dr ALLALOU Mohamed, UMMTO Dr Boukherouf Remdhane, UMMTO Dr Chebouti Karim, UMMTO Dr Gada Nadia, UMMTO Dr GUETTAFI Siham, Univ. Biskra Dr HAMDI Mehdi, UMMTO Dr KACET Malika, UMMTO Dr MEHMOUDI Hakim, UMMTO Dr SAIL Siham, UMMTO |
Comité d’organisation
Responsable du https://www.ummto.dz/wp-content/uploads/2023/01/Colloque-national-le-03-et-04-mai-2023.pdfcomité d’organisation
Ibri Zohra, doctorante en Analyse du discours à l’UMMTO
Les doctorants en D2, UMMTO ALLEL Fatiha, BELKALEM Samia, BELLABIOD Lydia, HADJ ALI Sofiane, IKNOUN Hayet, MOUHEB Kamélia, LABBASSI Wassila, YOUBI Nawel, ZAIM Roufaida
| Hebbib Nacéa, doctorante en D4 en sciences du langage à l’UMMTO Maloum Célia, doctorante D4 en Sciences des Textes Littéraires à l’UMMTO Hammaz Farida, doctorante en D4 en Analyse du discours à l’UMMTO |
مديرة المخبر
عشي نصيرة
[1] Benjamin Stora (janvier 2021), Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
[2] Anne De Mathan (Dir), 2019,Mémoires de la révolution française, Rennes PUR.
[3] Jean François Guédon &Hélène Sorez. 208. Citations de culture générale expliquées. Eyrolles. Paris
[4] Christiane Chaulet Achour. 2003. Algérie, états des lieux : politique, société, culture. Recherches internationales n°67/68.
[5] Pierre Barbéris. 1980. Le Prince et le marchand. Idéologiques : la littérature, l’histoire. Fayard. Paris.